Les normes comptables anglo-saxonnes sont essentiellement issues des directives élaborées par la profession comptable. Aux États-Unis, celle-ci est représentée par l'American Institute of Certified Public Accountants (AICPA) qui joue un rôle primordial en matière de normalisation, surtout depuis que cet organisme a favorisé la création en 1973 d'un organisme indépendant de normalisation, le Financial Accounting Standards Board (FASB) qui constitue la principale source du droit comptable américain.
Contrairement à la comptabilité francophone où elle sert les intérêts d'une multiplicité d'utilisateurs (créanciers, actionnaires, salariés, État, ...), l'information comptable dans les pays anglo-saxons doit surtout permettre aux investisseurs de prendre des décisions rationnelles. Dans ce contexte, la protection des actionnaires est un souci constant dans l'élaboration des états financiers.
La hiérarchie des objectifs et des principes comptables est également une source de divergence entre les deux systèmes. Dans les pays anglo-saxons, une plus grande liberté est accordée au chef d'entreprise dans l'élaboration et la présentation des états financiers, en raison du principe dominant de "true and fair view" auquel le droit comptable européen notamment francophone s'est rallié plus tardivement avec l'objectif d'« image fidèle », et du principe de l'importance relative (materiality concept), également repris en France.
Pour le principe de prééminence de la réalité sur l'apparence (substance over form), il permet notamment aux entreprises anglo-saxonnes de déroger à une règle comptable lorsque son application aurait pour conséquence de fausser la réalité économique. Ce principe n'a été repris, ni dans les directives européennes, ni dans la réglementation française. Il est cependant indirectement appliqué en France, car l'objectif d'image fidèle permet également de déroger aux règles comptables lorsque la qualité de l'information en dépend, mais incontestablement avec moins de force.
L'exemple du crédit-bail illustre bien les hésitations du droit comptable francophone qui préfère suivre l'apparence juridique (location) dans les comptes individuels, mais qui autorise les groupes, dans leurs comptes consolidés, à traduire la réalité économique (acquisition avec financement).
En revanche, le principe de prudence (conservatism), fortement ancré dans la culture comptable des pays d'Europe continentale (Allemagne, France, Italie, Espagne...), où la défense des intérêts des créanciers a toujours été privilégiée par rapport à celle des actionnaires, est un principe secondaire dans les pays anglo-saxons. La prudence ne s'y justifie que parce qu'elle permet de prendre en compte l'incertitude et les risques inhérents à toute activité économique, mais elle ne doit jamais avoir pour conséquence de sous-évaluer les actifs et les bénéfices.
Les autres principes fondamentaux anglo-saxons sont assez similaires à ceux que l'on trouve dans les pays d'Europe continentale :
- coût historique (historical cost) ;
- indépendance des exercices (time period concept) ;
- permanence des méthodes (consistency) ;
- continuité d'exploitation (going concern).
Concernant les obligations de tenue des livres comptables et d'établissement de documents de synthèse, celles-ci varient selon les lois sur les sociétés commerciales propres à chaque pays ou même chaque État (aux États-Unis). Comme dans les pays francophone, les livres comptables obligatoires consistent généralement en un livre-journal (record general entry) et un grand-livre général (general ledger). En revanche, il n'existe pas de plan comptable obligatoire dans les pays anglo-saxons, chaque entreprise pouvant déterminer le sien en fonction de ses besoins. Notons également que la comptabilité analytique est souvent intégrée dans la comptabilité générale ce qui facilite la rapidité de la production de situations financières intermédiaires.
Les états financiers (financial statements) obligatoires sont généralement les suivants :
- un bilan (balance sheet) ;
- un compte de résultat (statement income) ;
- un état des mouvements dans les comptes de réserves et de report à nouveau (statement of changes in retained earnings) ;
- un tableau de variation des capitaux propres (statement of changes in stockholders equity) ;
- un tableau des flux de trésorerie (statement of cash flows) ;
- des notes annexes (notes to the financial statements).
L'un des principes les plus importants de la profession comptable américaine, où la distinction entre experts-comptables et commissaires aux comptes n'existe pas, est l'indépendance de l'auditeur. C'est pourquoi, comme en Europe, ceux-ci ne peuvent avoir d'intérêts directs ou indirects dans les sociétés qu'ils vérifient.
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